Bientôt tous indépendants
Notre culture du travail, les envies des nouvelles générations, le contexte économique mondial, les nouvelles technologies, voilà tout ce qui évolue à grande vitesse et qui se fait bien sentir dans notre approche du travail depuis plus de 10 ans maintenant. Le travailleur qui a fait 35-40 ans de carrière pour un même employeur n’existe et n’existera plus. Nous sommes entrés dans une ère où chacun est maître de sa carrière et doit faire son marketing personnel en conséquence.

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Un constat : Le travail en pleine mutation
L’économie bouge à une vitesse folle poussant les entreprises à une quête de flexibilité de la part de leurs collaborateurs, ou obligeant certaines à réduire leurs effectifs, conduisant à nombre d’employés insatisfaits. D’autre part les entreprises ont toujours besoins de plusieurs compétences différentes à un instant t sans pour autant justifier l’embauche long-terme. Enfin les nouvelles générations de travailleurs sont de plus en plus en quête de voyage ou temps de travail flexibles ou encore veulent être capable de faire fructifier leurs idées sans pour autant laisser leur peau dans une grande machine.
La robotisation aussi transforme les métiers, automatisant de plus en plus de métiers et pas seulement les moins qualifiées. La numérisation s’attaque désormais à la classe moyenne et Sciences Humaines n°274 nous rapporte que 42% des métiers disparaitraient de cette façon en France dans les 10 prochaines années. Des métiers qui se transforment au profit de secteurs qui demanderont toujours plus d’expertises diverses et autant de consultants.
C’est ainsi que nous avons près de 9 millions de travailleurs indépendants et freelances en Europe en 2012 d’après Maddyness, et 53 millions soit 34% des travailleurs américains en 2014 d’après Freelancers Union. Des chiffres qui n’arrêtent pas de grimper et ont quasiment doublé en 10 ans.

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La liberté mais à quel prix ?
Selon la même étude de Freelancers Union, les indépendants font le pas pour des raisons de liberté de planning et pour gagner davantage d’argent. Les créatifs quant à eux se libèrent des contraintes de bureau et exigences des patrons au profit de contrats qu’ils peuvent choisir pour l’inspiration qu’ils leur insufflent.
Libre de définir ses horaires, son salaire, son prochain projet, conjuguer vie familiale et boulot, choisir son lieu de travail, oui libre mais si ça fonctionne. En effet, il vous revient désormais de trouver votre prochaine source de revenu. Au-delà de faire valoir vos compétences sur le marché, il va vous falloir créer vos propres opportunités et faire donc votre marketing personnel. C’est la difficulté majeure si vous voulez survivre seul : trouver des clients et se voir confier des projets rémunérés. Faites donc jouer votre réseau et surtout travaillez celui-ci pour qu’au bout d’un moment le travail vienne finalement à vous par lui-même.
Une bonne gestion de son temps est primordiale. Vous décidez de votre planning, c’est cool mais faut faire avancer ce qu’on vous a confié, tout en cherchant de nouveaux clients ou travaillant sa propre publicité, et sans oublier les tâches administratives qui vous incombent désormais. Divisez bien votre journée de travail et répartissez ces tâches dans votre planning. N’en négligez aucune car ne pas les faire régulièrement reviendrai à se retrouver sans client une fois la mission finie car vous n’avez pas cherché le prochain, ou avec une montagne d’administration à boucler pendant le rush de fin d’année.
Enfin l’isolement peut peser à plus d’un. Même si vous vous retrouvez en régie pendant vos missions, ce n’est plus une ambiance d’équipe que vous retrouverez et il faudra refaire souvent connaissance autour de la machine à café. Si vous choisissez de travailler depuis chez vous, la solitude pèsera davantage. De plus il vous faudra une discipline de fer pour ne pas vous laisser distraire.

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Un frein majeur : le système actuel
A mesure que cette tendance s’accélère, des problèmes vont émerger du système actuel largement taillé pour les gens travaillant de façon « conventionnelle ». Lorsque l’on quitte le cocon bien chaud du boulot temps plein ou partiel fourni avec un chèque de salaire régulier tombant d’une seule entreprise, on se heurte au système complexe et confus des assurances santés, pensions et régulations alambiquées, et taxes en tout genre. Si on n’est pas un pro de l’administration et de la paperasse, difficile de s’y retrouver sans se payer une fiduciaire digne de ce nom, ce qui est clairement un frein et un risque pour se lancer.
Plusieurs points à prendre donc bien en compte quand on se lance dans son activité d’indépendant :
- Votre retraite : changement de régime. Toujours tenu de verser vos cotisations AVS pour les Suisses, le 2e pilier est par contre optionnel et il vous faudra faire les bons choix, 3e pilier étant plus souple mais limité en avantage fiscal. Pour les français, il suffit en théorie de souscrire à la bonne caisse qui prend le relais pour un régime grosso-modo équivalent. Pensez tout de même à mettre de côté pour assurer vos arrières.
- Votre couverture maladie et accident/invalidité
- Votre impôt sur le revenu
- Les différentes inscriptions au registre du commerce ou organismes qui régissent votre activité

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Vos forces et outils pour y faire votre place
On a vu les avantages, les inconvénients et le pourquoi, ce qui peut en décourager plus d’un, mais le monde s’adapte et des tonnes d’aide et outils voient le jour un peu partout.
Pour s’attaquer à la problématique de l’isolement et de l’espace de travail, des espaces de co-working naissent partout dans le monde. Il est désormais aisé de se trouver un bureau éphémère, un coin de table pour poser son PC à côté d’un autre freelance avec qui vous pourrez boire un café et échanger vos idées voire votre réseau, ou tout simplement une salle sur demande pour recevoir un client. Des concepts comme WeWork aux USA (Amsterdam et Londres maintenant aussi) arrivent maintenant en France et Suisse et ne vous donne pas seulement accès à des bureaux sympas mais aussi à des espaces détentes, à des événements et des aides pour faire votre compta.
La plus grosse difficulté pour laquelle il faut se battre quotidiennement est de se garantir un travail minimum pour faire vivre son activité. Heureusement des plateformes viennent en aide, facilitant la mise en relations de clients et indépendants, un vrai boost pour votre activité. Souvent ciblées sur un type d’activité (journalisme, traduction, programmation, juriste, etc…) comme codeur.com, certaines plateformes sont un peu plus généralistes comme Hopwork ou Hourlynerd. N’hésitez pas à multiplier vos inscriptions si vous êtes en mal de boulot.
Pour aller plus loin : Freelance Statistics 2016: The Freelance Economy in Numbers, Les travailleurs freelance vont-ils transformer l’économie ?, Shocker: 40% of Workers Now Have ‘Contingent’ Jobs, Says U.S. Government
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